Christian Vanhenten
6 janvier 2011

Développement relationnel

homme stress

« Ce ne sont pas les espèces les plus fortes ni les plus intelligentes qui survivent, ce sont celles qui savent s’adapter ». Charles Darwin. 1859 On l’a clamé haut et fort pendant les dernières décennies : soyez forts, soyez individualistes vous assurerez votre réussite personnelle. Avec le temps cette stratégie a montré ses limites.

Plus que jamais on constate le mal-être au travail qui dégénère en isolement et en burn-out. Dans un monde de concurrence individuelle, où le chacun pour soi semble être la règle n°1, il devient indispensable de se donner les moyens de se protéger et de garder son intégrité physique, psychologique et morale. N’y-a-t-il pas d’issue hors l’épuisement pour maintenir un minimum d’efficacité au travail et en parallèle gérer et faire respecter ses besoins relationnels vitaux face à des personnes qui peuvent parfois être hostiles et déstructurantes.

Faire face aux contraintes, aux rapports de force et aux violences qui traversent en permanence le monde du travail, quelque soit la fonction occupée. Les problèmes de communication, les absences de communications, les relations manipulatrices sont monnaie courante dans les organisations. Toute tentative visant à sortir du jeu de la concurrence individualiste et misant sur la coopération apparait tantôt comme une forme de naïveté, tantôt comme une prise de risque dont on ne revient qu’après s’être résolu à ne plus se laisser faire et privilégier l’attaque comme meilleure stratégie de défense. Les violences relationnelles (critiques non-constructives, agressions verbales, rejets ou isolements) s’ajoutent aux auto-violences (fatigue excessive, somatisations multiples) et aboutissent à des périodes d’anxiété, de déprime ou de burn out.

Dans ce contexte, l’AïkiCom se révèle un précieux allié en nous aidant à nous construire autour de notre centre corporel situé dans le hara (le ventre en japonais) et à revenir à nous-même plutôt que de nous enfermer dans des schémas émotionnels que nous connaissons si bien et qui nous empêchent de réagir de façon adéquate. Quelques règles élémentaires permettent de dévier les agressions verbales, les paroles dégradantes : observer la personne pendant qu’elle prononce ces paroles et visualiser le flux des mots se diriger vers vous et le laisser passer au loin derrière vous sans vous toucher de plein fouet et observer la personne en vous demandant : « Qu’est-ce qu’une personne normalement constituée comme lui ou comme elle doit penser ou ressentir pour en arriver à prononcer de tels propos ? » Vous devenez observateur d’une scène où vous avez délibérément laissé s’exprimer la personne et vous apprêtez à transformer la situation en délaissant l’attaque pour vous concentrer sur la personne. Garder une dynamique dans l’interaction permet de ne pas rester bloqué dans le rôle de victime, de personne agressée qui nous fait voir le monde en noir et blanc et donc l’autre comme la personne qui a tort. Reformulez alors la critique en l’encadrant d’un « c’est ce que vous pensez ? Que … » ou d’un «  c’est vrai de votre point de vue, avec les informations en votre possession ».

La vérité est multi-facette et il est possible que votre point de vue et celui de cette personne créée une perception plus vaste de la question. Une fois l’attaque évitée vous retrouvez la flexibilité nécessaire pour revenir dans les éléments factuels. Sortir les éléments du brouillard des propos implicites et les faire remonter à la surface, questionner les termes abstraits ou flous en rappelant quelques chiffres ou événements indiscutables, citer des contre-exemples ou descendre dans le niveau de détails pour désamorcer les généralisations comme par exemple : « il n’y a rien de bon dans ce dossier ». « Vraiment, regardons ensemble le premier point, que voyez-vous de si négatif dans ce chapitre ? » Naturellement, cette démarche est d’autant plus efficace que l’on s’y est entraîné. Mais à force de pratique, d’abord dans des contextes pas trop intenses sur le plan émotionnel et à propos de sujets qui ne vous engagent pas trop, vous constaterez des progrès rapides qui amorcent une spirale vertueuse.

L’accumulation d’expériences où vous êtes senti centré dans votre corps et déviant les attaques pour rester disponibles dans l’interaction – un peu à l’image de cette scène du film Matrix où Néo voit les balles se diriger sur lui et les évite dans une perception d’un temps ralenti – vous place dans une situation où le stress relationnel peut redescendre à un niveau nettement plus acceptable. Après l’ère de l’individualisme forcené s’ouvre celle d’une plus grande bienveillance. Non pas une bienveillance naïve mais une attitude présente qui rend possible la coopération dans le respect de soi et des autres. Le développement personnel s’est muté en quelques années en développement relationnel où la coopération devient la clé de l’efficacité personnelle et par là de l’organisation.

En résumé, il est toujours possible soit de réduire les risques d’apparition du stress par une anticipation préventive face à des conduites et comportements générateurs de disfonctionnements soit apprendre à mieux se confronter aux situations de stress par un positionnement relationnel où l’affrontement et la soumission sont remplacés par la confrontation et l’affirmation.