Christian Vanhenten
8 novembre 2013

Être dans le flux (1) – percevoir

le fluxVous avez sans doute déjà vécu ces moments où tout semble aller de soi. Vous pensez à quelqu’un et il ou elle vous téléphone. Vous cherchez une place de parking et un conducteur démarre comme pour vous céder la place.

Vous lancez un projet et vous croisez des personnes intéressées vous proposent d’y collaborer.

Ces moments sont forts, intenses, interpellants. L’Univers s’est-il modifié pour vous aider ou quelque chose dans votre manière de penser a changé?

A moins d’être adepte de théories new age plus ou moins fumeuses ou convaincu de l’impact significatif au quotidien des approches tirées de la physique quantique, il semble bien que ce soit notre état d’esprit qui se soit modifié. Et quand j’écris état d’esprit, je devrais plutôt parler d’état d’être. Ce genre de situations se produisent lorsque nous sommes alignés.

Être, pensées, émotions sont en phases. Un phénomène de résonance s’active qui nous rend particulièrement disponibles. Nous sommes alors à même de repérer ce que nous n’aurions même pas vu en d’autres temps. Car c’est bien au niveau de notre qualité de perception que cela semble se passer. Perception en nous et perception de notre environnement.

Percevoir, c’est repérer et filtrer. Repérer tout d’abord. Si je ne sors pas de chez moi, je ne risque pas de faire de rencontres. Et lorsque je sors, je dois m’ouvrir à ces rencontres. L’état d’être dans lequel je me trouve me place dans une sorte de fréquence. Telle une radio réglée sur ma station préférée, je suis inondé de fréquences transmettant toutes les stations mais je n’en capte qu’une. Si mon tuner est mal réglé et qu’il capte une bande de fréquence trop large, j’entendrais plusieurs émissions à la fois. Le résultat sera plutôt déplaisant. Je peux également balayer le spectre de fréquence à la recherche d’une station qui m’intéresse. Il en va de même pour moi.

Si je veux faire une rencontre et que mes critères sont ultra-précis et exigeants, il y a de fortes chances que je ne ferai pas cette rencontre. Par contre si je me place dans un état d’ouverture adéquat, je peux “balayer” mon environnement, tel un faisceau de lumière dans l’obscurité, et y repérer l’une ou l’autre chose, l’une ou l’autre personne susceptible de m’intéresser. Si je “balaye” trop vite, je ne parviendrai pas à identifier quoi que ce soit. Si je continue de balayer sans prendre le temps de rencontrer, je passe en mode zapping et je me condamne à une éternelle recherche qui n’aboutira qu’à mon épuisement.

Lorsque je recherche une station de radio qui m’intéresse, je dois savoir ce que je cherche. Je recherche des infos, de la musique pop, du jazz, du classique ? Mon esprit a fait un choix préalable et se met dans un état de réceptivité “orientée”, sorte d’état de disponibilité à recevoir certaines choses et à éliminer les autres. Lorsque je trouve quelque chose dans mon environnement qui répond aux critères de ce que je recherche, je m’arrête. Je m’oriente. J’accueille. Les moments qui suivent me confirmeront ou démentiront ma première impression. Le choix initial se déroule en une fraction de seconde. Le filtrage est grossier, se contentant de quelques éléments vaguement reconnus. Cette étape est essentielle. Sans elle j’aurais besoin de trop de temps pour filtrer avec précision avec le risque de voir disparaître l’opportunité. Dans ce processus de filtrage, il y a une double action. D’une part je perçois, je filtre et porte mon attention et d’autre part je continue de rester connecté au plus vaste.

Mon attention sur l’objet repéré n’entraine pas une vision-tunnel qui me rend aveugle à tout le reste. Ce qui donne la valeur à l’objet, à la personne, à l’expérience, c’est bien souvent sa manière d’être en lien avec tout ce qui se déroule autour de moi et de cet objet repéré. Cette vision à la fois large et focalisée est caractéristique de la pratique martiale. Si je me focalise sur l’attaque, sur le poing qui se dirige vers mon visage, je ne verrai pas qu’il n’est peut-être qu’une diversion et que l’autre main tient une arme ou qu’un comparse s’apprête à me ceinturer.

Ce subtil mélange entre focalisation et attention large est sans doute un critère essentiel pour nous inscrire dans le flux.

J’en examinerai d’autres dans les prochains posts sur ce blog.