Christian Vanhenten
18 septembre 2015

Vivre normalement

retrouver l'espoir, le témoignage d'une réfugiée syrienne bloquée à la frontière de la HongrieJ’ai vu cette vidéo de cette mère de famille syrienne, auparavant professeur d’anglais dans la banlieue de Damas et qui a choisi de fuir pour retrouver l’espoir d’une vie ailleurs car là d’où elle vient c’est l’enfer. Elle est même prête à confier sa fille pour qu’elle grandisse et puisse aller à l’école, normalement et elle serait même prête alors de retourner dans son pays déchiré.
Voir cette vidéo et revenir aux tracasseries du quotidien, à la liste des choses à faire, à la voiture qu’il faut aspirer, à ce roman que l’on voudrait terminer.

Et la question émerge : Est-ce possible de vivre normalement ?

quand des personnes sont dans le désespoir ou se font tuer,
quand des personnes mal intentionnées exploitent la douleur de ceux qui n’ont d’autre choix pour chercher un lieu de vie et de survie que de faire fructifier leur business malsain,
quand des politiques sensés nous représenter n’agissent ou agissent mal dans la seule optique de rester élus et ont perdu toute vision politique à moyen ou long terme?

Puis on éteint l’écran et on retrouve le quotidien avec ses bonheurs, ses plaisanteries, ses petites contrariétés.
Se sentir coupable ?
Pas du tout.
Se sentir concerné ? Oui bien sûr.

Il nous faut vivre dans la conscience de ce que nous vivons de nous tenir informé et d’ouvrir grand ouvert notre espace de compassion pour ces familles, ces personnes en détresse qui ont l’énergie de marcher pour se mettre à l’abri et retrouver l’espoir, non pas d’une vie meilleure, mais d’une vie tout court.

Et bien sûr qu’il y a de la place pour d’autres attentions, pour des difficultés sans doute moins criantes mais néanmoins bien présentes chez nous ou chez des proches.

Bien sûr qu’il est encore permis — ce serait un comble —  de rigoler, de déconner, de plaisanter ou simplement de sourire à la vie dans ses manifestation quotidiennes.

Être vivant c’est être soi, sensible à ce que l’on vit et ouvert, connecté à ce qui se passe autour de soi.

Sans tension, sans lamentation, sans morosité, sans fatalisme, sans excès.
Mais cela ne veut pas dire sans action, sans expression, en laissant faire et sans rien dire.
Le quotidien n’est pas un refuge ou je me cache le drame de ceux qui en cherchent un.

Le quotidien est un espace de présence et de connexion qui prélude à l’action.
À son niveau, à partir de soi, à partir de chez soi et sans chercher à tenter de résoudre tous les problèmes du monde.
Mais sans pour cela se résigner ou attendre que ce soit les autres qui bougent.

Une fois encore le colibri se manifeste et nous siffle à l’oreille: chacun fait sa part!