Christian Vanhenten
14 février 2011

Rupture

Ca y est !…

La rupture est consommée.

Seule face à tous les possibles, tu prends conscience que tu n’as que faire de cette liberté que tu avais pourtant tellement espérée.

Lorsque tu étais plongée dans l’enfer de cette période de fin de vie à deux, tu l’avais pourtant imaginée belle et attirante.

Et voilà qu’elle s’est muée en solitude, une solitude dont tu ne vois pas l’issue.

« Mieux vaut être seule que mal accompagnée » était ton slogan qui t’a permis d’aller jusqu’au bout de cette rupture.

Car lorsque le lien n’est plus que douleur, la séparation semble inéluctable.

Reste néanmoins à trouver en soi une sacrée dose de volonté pour la mettre en œuvre.

Une fois la décision prise, après la première porte claquée, tu te retrouves seule face à un monde froid et infini.

Derrière toi, tu sens encore la présence de ce foyer qui a abrité tant de moments précieux de douceur, de complicité, de sécurité.

Bien sur c’était il y a longtemps.

Car depuis il y a eu ces cris, ces larmes, ces désespoirs et ces rancunes.

Mais là, maintenant, tu sens l’air froid qui te fouette le visage.

Tu es seule.

C’est toi qui pars et pourtant tu te sens abandonnée.

Sourde colère à l’égard de celui qui a partagé ton intimité et s’est mué en ogre de tes aspirations d’une vie belle et paisible.

Ce mariage tu l’avais voulu unique, grand, pour la vie et voilà que tout est détruit.

Comment reconstruire sur des ruines, la tâche semble immense.

Et déjà les regrets.

As-tu fais ce qu’il fallait ?

Qu’as-tu fais pour éviter d’en arriver là ?

Bien sur que c’est sa faute à lui, mais déjà tu sens en toi que cette affirmation devient moins nette. Une forme insidieuse de doute s’est infiltrée dans ton esprit.

Des paroles émergent alors de ton passé.

Petites réflexions anodines sur le moment mais qui au cœur de cette crise prennent un relief particulier.

Serait-ce ma faute ? Pourquoi n’ai-je rien vu venir ?

Les ingrédients étaient là, dès les premières rencontres bien occultés par l’euphorie de l’attirance physique, de cette chimie hormonale qui nous rend sourd.

Les regrets mêlés de colère se teintent alors de peur.

Être passée si près du bonheur pour te retrouver là, plus très jeune, fragilisée.

Comme cette amoureuse de Brel dans Orly tu restes là, bouche ouverte, sans un mot, tes bras vont jusqu’à terre.

Derrière cette porte refermée te voilà sans lumière.

Tu sais déjà qu’il te faudra du temps pour la retrouver.

Car du fond de ces ténèbres une partie de toi sait.

Elle sait que tu vas la retrouver cette flamme.

Première lueur d’espoir sur l’ébauche d’une reconstruction.