Christian Vanhenten
6 décembre 2013

L’énergie de Nelson Mandela

Chaque fois que j’ai vu partir une personne qui m’est proche ou m’a marqué, j’ai pris un temps, un temps de pause, de communion avec cette personne. Et je me laissais imprégner de cette personne, de ses qualités et de ce qu’elle m’a apporté. La question qui dominait était: quel cadeau cette personne m’apporte t’elle et fait d’elle un mentor. Je me suis ainsi construit une communauté de personnes de références, d’exemples, de modèles dont le souvenir et l’image me guidait pour apprendre et développer les qualités qu’il me semblait que leurs rencontres était venue m’apporter.

Je porte ainsi en moi des personnes inconnues et célèbres, des hommes et des femmes. Et voilà qu’aujourd’hui je reçois Nelson Mandela.

L’annonce de sa mort ne pouvait être une surprise et elle est survenue alors que je n’en finissais pas de finir de lire “Un long chemin vers la liberté”, une lecture où j’avais besoin de longues pauses, de moment de décantage, de digestion. Et comme chaque fois, la question: quelle qualité, quelle ressource veux-je retenir de cette belle personne?

La recherche n’est pas longue tant l’homme est exemplaire.

Mais ce qui me marque et continuera de me marquer est la capacité  d’aller vers la réconcicliation à peine sorti de prison. De réussir à transcender la rancoeur et regarder celui qui a toutes les caractéristiques de l’ennemi-type, celui qui nous a meurtri et qui intentionnellement a cherché à nous nuire et y est parvenu. Choisir de revenir dans le dialogue là où d’autres n’entendraient que le mot vengeance.

Dans ma recherche et le développement de l’AïkiCom, son expérience se dresse face à moi et me permet de recevoir les rancoeurs des personnes désabusées qui me serinent que mon projet est une utopie qui n’est pas applicable au quotidien. Ces personnes qui ont la haine pour ceux qui leur ont causé du tort ou vibrent de colère et n’attendent que le moement de rendre la pareille, les pragmatiques qui ont préféré le cynisme et l’intrigue plus acceptable que l’affrontement et ceux qui ont opté pour l’indifférence et le silence.

Quelle force faut-il pour déchirer le voile de l’amertume, pour recevoir sa colère et la transformer en énergie de réconciliation ? Comment trouver l’énergie de faire le pas et d’aller à la rencontre de l’autre et de dire “Il est temps de jeter les armes”.

En ce jour de la mort de cette personne incroyable, il ne faudrait pas que ces 27 années de prison se transforme en admiration distante. Encenser Mandela comme une personne exceptionnelle crée une distance qui peut nous offrir un alibi, celui de dire que son comportement est celui d’une personne extra-ordinaire.

C’est ainsi que je préfère garder de lui cette réflexion qu’il répétait: “Je suis une personne ordinaire”.

Mandela n’est plus mais il peut encore faire de grandes choses en nous apportant le support du mentor qu’il est pour nous offrir la couleur de cette énergie de réconciliation sans concession, ancrée dans la présence et convaincue de l’indispensable dialogue avec l’autre.