Christian Vanhenten
6 avril 2016

Iceberg Aïki

aikido iceberg pratique et attitude

Dans notre monde dominé par le visuel, c’est bien sûr les apparences qui attirent notre attention. Pourtant, lorsqu’il s’agit d’aïkido, nous remarquons que la réputation de l’aïkido n’est pas uniquement visuelle. C’est le cas également pour la plupart des arts martiaux mais sans doute encore plus pour l’aïkido.

D’ailleurs ne parle-t-on pas d’art martial interne et externe ?

L’aïkido est parfois qualifié d’art externe et interne. De là à l’iceberg, il n’y a qu’un pas. La part interne est-elle importante ? Plus importante ?

Force est de reconnaître que dans les dojos, il faut parfois bien chercher. Du moins si l’on veut dépasser le stade des slogans.

Pour ce qui est de la dimension “interne” de l’aïkido, nous pouvons en parler durant des heures. En ce qui me concerne, il y a un critère que je retiens par dessus tout: la cohérence.

De même que nos enfants grandissent en fonction des actes de leurs parents plutôt que par leurs (belles) paroles, c’est par l’attitude du senseï que vous découvrirez la part interne de l’art martial. Et là encore il ne s’agit pas de l’attitude lorsque celui-ci a revêtu sa tenue son keigogi et son hakama. C’est lorsque sa tenue est dans son sac que vous pouvez voir de quoi il s’agit.

Pour ce qui est de l’aïkido c’est lorsque le sensei est en situation de conflit, de concurrence, de désaccord que vous pouvez voir la face cachée de “l’aiki-berg”. C’est dans sa manière de faire face aux difficultés, aux contrariétés que vous le verrez appliquer les principes de l’aïkido. Tente-t-il de passer en force, de blesser son adversaire. Quelle qualité de connexion tente-t-il d’établir avec cet adversaire ? Le voit-il comme un adversaire ? Comme un concurrent ?

Les querelles entre fédérations, entre styles, entre dojos, entre senseï offrent un espace d’observation très riche d’enseignement.

Et c’est là que la métaphore s’arrête: la pratique ne mène pas nécessairement à la transformation personnelle. Il faut pour cela que la pratique soit une pratique consciente, une pratique qui lie le sens au geste.
C’est à mon sens le vrai défi de l’enseignement de l’aïkido.